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1) La défaite française C) Les premières mesures
C) Les premières mesures
En votant le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs – même les pouvoirs constituants, les députés fournissent au régime pétainiste installé à Vichy une apparence légale incontestée alors par une majorité de français. Philippe PÉTAIN et son entourage veulent remodeler la France, avec la " Révolution Nationale ", par opposition avec le régime républicain jugé responsable de la défaite. Celle- ci se traduit par le changement de devise : le " Liberté, Égalité, Fraternité " révolutionnaire est remplacé par un " Famille, Patrie, Travail " vichyssois. Cette " révolution " doit instaurer " un État rationnel, autoritaire, hiérarchique et social " qui façonnera des générations " d’ hommes nouveaux ". Pour combattre l’individualisme, tenu comme diviseur de la nation, le régime redonne une place aux " communautés naturelles " comme la famille et la patrie. Antiégalitariste, ce régime juge dangereux la démagogie du suffrage universel auquel il reproche de ne pas peser la valeur de chaque voix – il y aurait, selon lui, une inégalité des citoyens. L’industrialisme est répudié. On vante le modèle d’une France à dominante rurale et artisanale. Le régime veut, tout de même, administrer l’industrie. Pour cela, ils instituent les Comités d’Organisation le 16 août 1940 afin de recenser les entreprises, d’arrêter leurs programmes de production et de fixer les règles de marche des entreprises. Comme de nombreux régimes autoritaires, les responsables de Vichy développent " une politique de jeunesse ". Elle se base sur la défiance de tout intellectualisme, la réhabilitation de la morale, du travail manuel et physique. Cette politique se concrétise dans la promotion du sport et la mise sur pied de mouvements de jeunesse. Le régime de Vichy mène parallèlement une politique répressive contre ceux qu’il juge irrécupérable et dangereux. Une " Anti-France " est pourchassée: les communistes à cause du Front Populaire considéré comme responsable de la défaite, les francs-maçons et les juifs. L’inégalité se traduit par les deux lois d’exclusion des 3 octobre et du 2 juin 1941 qui excluent les Juifs des fonctions électives, de la fonction publique, des médias, et des professions libérales. Une autre loi – celle du 22 juillet 1941, met en œuvre une " aryanisation " des entreprises et des biens juifs ruinant, par-là, l’activité économique de la communauté juive.
Pierre LAVAL et Philippe PÉTAIN proposent d’eux-mêmes la collaboration de l’État français avec le III° Reich dans l’espoir d’améliorer les conditions d’Armistice et le sort des prisonniers et de sauvegarder l’avenir du pays au sein de la " nouvelle Europe " hitlérienne. Cette politique sera établie lors de l’entrevue de Montoire du 22 octobre 1940 entre PÉTAIN et HITLER – sur l’initiative de LAVAL. Le maréchal appelle ensuite l’ensemble des Français à collaborer " dans l’honneur et la dignité ". Cela débouchera sur une exploitation croissante du pays par l’occupant. Le gouvernement de Vichy répond aux besoins prioritaires de l’Allemagne en organisant, tout d’abord, une collaboration économique. La France fournit des produits agricoles et industriels, du matériel de guerre. En manque de main-d’œuvre, l’Allemagne en demandera au régime collaborationniste.
Après la " relève " d’un prisonnier contre trois travailleurs volontaires, institué en juin 1942 par LAVAL, la France établit le Service du Travail Obligatoire (STO) mobilisant tous les jeunes gens nés de 1920 à 1922 qui enverra 650 000 hommes en Allemagne. Le régime de Vichy instaure également une aide logistique et militaire en créant des organismes de combat comme les Légions des Volontaires Français (LVF) ou bien encore l’instigation de la Milice française, police officielle dirigée par DARNAND dès janvier 1943 chargée d’éliminer la Résistance en liaison avec la Gestapo. Cette collaboration s’exerce dans tous les domaines et notamment dans les mesures antisémites avec une participation dans la déportation des juifs. Dans les collaborateurs se trouvent des sympathisants fascistes d’avant-guerre comme BACARD, Eugène DELANDE. D’anciens militants de gauche s’engagent aussi dans la collaboration, partisans d’un socialisme nationaliste et autoritaire comme Marcel DEAT qui fonde en 1941 le Rassemblement National Populaire (RNP). La collaboration est également présente dans la presse. Il existe une propagande favorable au nazisme donc antisémite, anticommuniste et anglophobe. Les thèmes sont développés à la radio par des polémistes comme Jean HEROLD-PAQUIS ou Philippe HENRIOT ainsi que dans les différents journaux collaborationnistes : " Je suis partout ", ( Robert Brasillach et Rebatet), " la Gerbe " ( A. de Chateaubriand), " le cri du peuple " (Doriot) et " l’œuvre " de Déat. L’occupation de zone " libre " à partir de novembre 1942 relance la collaboration et place l’État français dans une dépendance de plus en plus importante vis à vis de l’Allemagne.
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